L’accès à l’eau potable au Cameroun: un défi majeur pour les populations vulnérables

L’eau est la source de toute vie. Elle est essentielle à la survie humaine, à la santé, à l’hygiène et au développement. Pourtant, dans certaines régions du Cameroun, des millions de personnes n’ont pas accès à de l’eau potable propre et sûre. Ce problème, loin d’être une simple statistique, représente une crise humanitaire qui touche les populations les plus vulnérables, en particulier dans les zones rurales et marginalisées. Le Cameroun, souvent appelé “l’Afrique en miniature” en raison de sa diversité géographique et de ses ressources naturelles abondantes, fait face à un paradoxe troublant : malgré ses richesses en eau, une partie importante de sa population lutte quotidiennement pour obtenir une ressource aussi fondamentale que l’eau potable.
Dans cet article, nous allons explorer en détail la crise de l’accès à l’eau potable au Cameroun. Nous examinerons l’ampleur du problème, ses causes profondes, ses conséquences dévastatrices sur la société, ainsi que les efforts actuels pour y remédier. Enfin, nous mettrons en lumière une initiative prometteuse portée par la fondation Awaken Destiny, qui propose une solution innovante pour apporter de l’eau potable et une aide alimentaire aux familles en situation de grande précarité. À travers une analyse approfondie et des données concrètes, cet article vise à sensibiliser à cette problématique cruciale tout en offrant une lueur d’espoir pour un avenir meilleur.
Le Cameroun face à la crise de l’eau potable : un paradoxe alarmant
Une abondance de ressources confrontée à une pénurie d’accès
Le Cameroun bénéficie d’une géographie favorable en matière de ressources hydriques. Avec des fleuves majeurs comme le Sanaga, le Wouri et le Benoué, ainsi qu’une pluviométrie abondante dans de nombreuses régions, le pays dispose d’un potentiel hydrique considérable. Selon le Global Water Partnership (GWP), les besoins annuels en eau du Cameroun ne représentent qu’environ 4,14 % de ses ressources disponibles. Sur le papier, cela devrait suffire à garantir un accès universel à l’eau potable. Pourtant, la réalité est bien différente.
En 2019, un rapport conjoint de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’UNICEF révélait que 34% de la population camerounaise – soit près de 9 millions de personnes – n’avait pas accès à une source d’eau potable gérée de manière sûre. Ce chiffre grimpe encore dans les zones rurales, où seulement 45% des habitants bénéficient d’un accès à l’eau potable, contre 77% en milieu urbain, selon l’Institut national de la statistique (INS) en 2018. Cette disparité illustre une fracture profonde entre les grandes villes comme Yaoundé et Douala, où les infrastructures existent (bien qu’imparfaites), et les régions reculées, où elles font cruellement défaut.
Des disparités régionales criantes
La crise de l’eau potable au Cameroun n’est pas uniforme : elle varie considérablement d’une région à l’autre. Dans les zones urbaines, les habitants font face à des pénuries récurrentes dues à la vétusté des réseaux de distribution et à une urbanisation rapide qui dépasse les capacités d’approvisionnement. Par exemple, à Douala, des quartiers entiers peuvent rester sans eau pendant des jours, obligeant les résidents à acheter de l’eau en bouteille ou à se tourner vers des sources non sécurisées.
Mais c’est dans les régions rurales, en particulier dans le Nord et l’Extrême-Nord, que la situation est la plus dramatique. Là, les points d’eau sont rares, souvent éloignés et fréquemment contaminés par des polluants naturels ou humains. Dans la commune de Guider, par exemple, les autorités locales ont signalé en 2020 que le manque d’eau potable avait entraîné 256 hospitalisations et 14 décès, dont une majorité d’enfants de moins de 5 ans. Ces chiffres ne sont qu’un aperçu de la tragédie silencieuse qui se déroule dans ces zones oubliées.
Les femmes et les enfants, qui portent souvent la responsabilité de chercher de l’eau, parcourent des distances allant jusqu’à 10 kilomètres par jour. Cette corvée, épuisante et chronophage, expose les plus jeunes à des dangers physiques et les prive d’opportunités éducatives, tandis que les adultes voient leur temps productif réduit.
Les conséquences dramatiques du manque d’eau potable
Une menace pour la santé publique
L’absence d’eau potable est un facteur déterminant dans la propagation des maladies hydriques, qui constituent une menace constante pour la population camerounaise. La diarrhée, le choléra, la typhoïde et la bilharziose sévissent dans les régions où l’eau est contaminée par des bactéries, des parasites ou des produits chimiques. Selon le Ministère de la Santé Publique du Cameroun (MINSANTE) et l’OMS, environ 45,2 décès pour 100 000 habitants en 2019 étaient attribuables à l’insalubrité de l’eau et à un assainissement inadéquat.
Les enfants sont les premières victimes de cette crise. La diarrhée, souvent liée à la consommation d’eau contaminée, est la deuxième cause de mortalité chez les moins de 5 ans au Cameroun, représentant 8 % des décès dans cette tranche d’âge en 2022, selon l’UNICEF. Ces maladies affaiblissent les organismes déjà fragilisés par la malnutrition, créant un cycle vicieux où la santé et la survie des plus jeunes sont compromises. Par ailleurs, les femmes enceintes, exposées à ces mêmes risques, voient leurs chances d’accoucher en bonne santé diminuer, ce qui contribue à des taux élevés de mortalité maternelle et infantile.
Un obstacle à l’éducation et au développement
Le manque d’accès à l’eau potable ne se limite pas à des conséquences sanitaires : il a des répercussions sociales et économiques profondes. L’une des victimes collatérales les plus visibles est l’éducation, en particulier celle des filles. Dans de nombreuses communautés rurales, ce sont elles qui passent des heures chaque jour à chercher de l’eau pour leur famille. L’UNICEF estime que dans certaines régions du Cameroun, les enfants consacrent jusqu’à six heures par jour à cette tâche, les empêchant ainsi de fréquenter l’école régulièrement.
Cette perte d’opportunités éducatives perpetue le cycle de la pauvreté. Une étude de la Banque mondiale a révélé que chaque année d’éducation supplémentaire pour une fille peut augmenter ses revenus futurs de 10 à 20 %. En privant les enfants – et surtout les filles – d’accès à l’école, le manque d’eau potable compromet le développement à long terme des communautés.
Une économie fragilisée
Sur le plan économique, le temps consacré à la recherche d’eau pourrait être utilisé pour des activités productives, comme l’agriculture, le commerce ou l’artisanat. De plus, les familles touchées par des maladies hydriques doivent souvent dépenser une part importante de leurs maigres revenus en soins médicaux, ce qui les enfonce davantage dans la précarité. Selon une estimation de l’OMS, les coûts économiques liés aux maladies hydriques au Cameroun se chiffrent en millions de dollars chaque année, un fardeau que ce pays en développement peut difficilement supporter.
Les causes profondes de la crise de l’eau
Un manque criant d’infrastructures
L’une des raisons principales de cette crise est l’état déplorable des infrastructures hydrauliques. Dans les zones urbaines, les réseaux de distribution, souvent construits dans les années 1970 ou 1980, sont obsolètes et mal entretenus. À Yaoundé, le complexe de Massoumbou, censé fournir 115 000 m³ d’eau par jour, n’en produisait que 65 000 m³ en 2011 en raison de pannes fréquentes et d’un manque de maintenance. Dans les zones rurales, les infrastructures sont encore plus rares : beaucoup de villages dépendent de puits traditionnels ou de rivières, qui ne répondent pas aux normes de potabilité.
Ce déficit est en grande partie dû à un sous-investissement chronique dans le secteur de l’eau. La Banque africaine de développement (BAD) note qu’en 2010, le taux de desserte en eau potable au Cameroun était de 33 %, bien en deçà de pays voisins comme le Sénégal (98 % en zone urbaine). Ce retard reflète des décennies de priorités mal définies et de mauvaise gouvernance.
Une gestion centralisée et inefficace
La gestion de l’eau au Cameroun est fortement centralisée, ce qui limite la flexibilité et l’efficacité des solutions. La Cameroon Water Utilities Corporation (Camwater) est responsable de la construction des infrastructures, tandis que la Camerounaise des Eaux (CDE) gère la production et la distribution. Cependant, ce système a créé un monopole qui entrave l’innovation et la participation des acteurs locaux ou privés. Les décisions prises au niveau national ne tiennent pas toujours compte des besoins spécifiques des différentes régions, ce qui aggrave les disparités.
Avant sa privatisation, la Société nationale des eaux du Cameroun (SNEC) a été critiquée pour sa gestion patrimoniale et son incapacité à répondre à la demande croissante. Même après la transition vers Camwater et la CDE, les progrès restent lents, et les populations continuent de souffrir.
Les effets du changement climatique
Le changement climatique joue également un rôle déterminant dans l’aggravation de la crise. Dans les régions du Nord et de l’Extrême-Nord, les sécheresses sont devenues plus fréquentes et plus intenses, asséchant les rivières et les nappes phréatiques. La variabilité des précipitations rend les sources d’eau traditionnelles imprévisibles, forçant les habitants à se tourner vers des points d’eau stagnants ou pollués. Selon une étude de l’ONU, les températures dans ces régions ont augmenté de 0,7 °C au cours des dernières décennies, un phénomène qui exacerbe les tensions sur les ressources hydriques.
Pollution et dégradation environnementale
Enfin, la pollution constitue une menace croissante pour la qualité de l’eau. Les rejets industriels, les déchets agricoles (comme les engrais et les pesticides) et l’absence de systèmes d’assainissement adéquats contaminent les rivières et les nappes phréatiques. Dans le bassin du lac Tchad, par exemple, la pollution liée aux activités humaines a réduit la disponibilité d’eau potable, affectant des milliers de familles dépendantes de cette ressource.
Efforts actuels pour résoudre la crise
Initiatives gouvernementales et appui international
Le gouvernement camerounais, conscient de l’urgence, s’est engagé à atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies, notamment l’ODD 6, qui vise à garantir un accès universel à l’eau potable et à l’assainissement d’ici 2030. Le Plan d’action national de gestion intégrée des ressources en eau (PANGIRE), lancé en 2005, cherche à améliorer la coordination et l’efficacité dans la gestion des ressources hydriques.
Des partenaires internationaux, comme la Banque mondiale, l’Agence française de développement (AFD) et l’Union européenne, soutiennent ces efforts à travers des financements et une expertise technique. Par exemple, l’AFD a investi dans la modernisation des réseaux de distribution à Yaoundé et Douala, tandis que la Banque mondiale finance des projets d’adduction d’eau dans les zones rurales.
Le rôle des ONG et des initiatives locales
Les organisations non gouvernementales (ONG) jouent également un rôle crucial. Des groupes comme Travaux Publics Sans Frontières (TPSF) et la Fondation MTN ont construit des forages, des puits et des systèmes de pompage dans des dizaines de villages. La Fondation MTN, par exemple, a permis à près de 100 000 personnes d’accéder à l’eau potable grâce à ses projets hydrauliques.
Cependant, malgré ces avancées, les besoins restent immenses. Les initiatives existantes, bien qu’efficaces à petite échelle, ne parviennent pas à couvrir l’ensemble des populations touchées, laissant des millions de personnes dans l’attente de solutions durables.
Awaken Destiny : une réponse innovante et solidaire
Une fondation au service des plus démunis
Dans ce contexte de crise persistante, la fondation Awaken Destiny émerge comme une lueur d’espoir pour certaines familles. Créée avec pour mission de transformer la vie des populations vulnérables au Cameroun, cette organisation à but non lucratif s’attaque aux défis de l’accès à l’eau potable et de la pauvreté à travers une approche intégrée et durable. En ciblant les familles en situation d’extrême précarité, Awaken Destiny apporte des solutions concrètes là où les besoins sont les plus criants.
Le projet des purificateurs d’eau
Au cœur de son action, Awaken Destiny a lancé un projet ambitieux : fournir des purificateurs d’eau aux ménages qui n’ont pas accès à des sources fiables. Ces dispositifs, basés sur des technologies de filtration avancées, sont conçus pour être simples, portables et durables. Chaque purificateur peut traiter jusqu’à 3L litres d’eau par minute, transformant l’eau contaminée (ruisseaux, rivières, fleuves, lacs, étangs, puits…) en eau potable répondant aux normes internationales de sécurité.
Le processus est aussi pratique qu’efficace : les familles reçoivent une formation sur l’utilisation et l’entretien des purificateurs, ce qui leur permet de devenir autonomes.
Une approche holistique avec l’aide alimentaire
L’impact de Awaken Destiny ne se limite pas à l’eau potable. Consciente que la pauvreté multidimensionnelle nécessite des réponses multiples, la fondation couple son projet de purificateurs avec une aide alimentaire. En fournissant des denrées de base aux familles bénéficiaires, elle s’attaque simultanément à la faim et à la malnutrition, deux fléaux qui aggravent les effets du manque d’eau propre.
Cette double intervention crée une synergie puissante : l’accès à l’eau potable réduit les maladies, tandis que l’aide alimentaire renforce la santé et la résilience des ménages. Par exemple, une famille qui ne dépense plus ses ressources pour traiter des maladies hydriques peut utiliser cette économie pour investir dans l’éducation de ses enfants ou dans une petite activité économique.
Conclusion : un appel à la solidarité
La crise de l’accès à l’eau potable au Cameroun est un défi immense, mais pas insurmontable. Elle exige une mobilisation collective impliquant le gouvernement, les organisations internationales, les ONG et les citoyens. Les efforts actuels, bien que louables, restent insuffisants face à l’ampleur des besoins. Pour atteindre l’objectif d’un accès universel à l’eau potable d’ici 2030, il faut des investissements massifs, une décentralisation de la gestion de l’eau et des solutions innovantes adaptées aux réalités locales.
C’est dans ce contexte que des initiatives comme celle de la fondation Awaken Destiny brillent par leur pertinence. En fournissant des purificateurs d’eau aux familles en grande précarité, tout en leur offrant une aide alimentaire, cette organisation ne se contente pas de répondre à un besoin immédiat : elle pose les bases d’un avenir plus juste et durable. Chaque purificateur distribué est une promesse de santé, d’éducation et d’espoir pour des communautés longtemps laissées pour compte.
Mais pour que cet espoir devienne une réalité à grande échelle, le soutien de tous est indispensable. Nous invitons les lecteurs, les entreprises et les philanthropes à se joindre à cette cause en soutenant la fondation Awaken Destiny et d’autres projets similaires. Ensemble, nous pouvons faire en sorte que l’eau, cette ressource vitale, ne soit plus un privilège, mais un droit pour chaque Camerounais.